
C’était hier…
Nous sommes à Rome, c’est la fin de l’année. Le temps de la communion, de la purification.
Des prêtres, les Luperques s’empressent à la préparation de leur office, tandis que dans chaque maison, hommes et femmes s’emploient à nettoyer toutes les pièces de leurs habitations les aspergeant de sel et de blé.
C’est le temps de
« februa »L’antique voie initiatique du totémisme végétal va suivre son cours.
Toute la population est en effervescence et attend dans la fièvre le moment où les prêtres procéderont au sacrifice.
La cérémonie commence.
Nous sommes près du mont Palatin, dans la grotte du Lupercal, là même où Romulus et Rémus ont été allaité par la louve.
En appel à la bienveillance du dieu de la Nature féconde, une jeune vierge s’installe sur l’attribut viril de la statue divine. Immobile, elle suit furtivement du regard la litanie des offrandes animales jusqu’à l’instant des immolations sacrificielles.
Deux jeunes hommes s’avancent devant l’autel.
Un prêtre, pose sur leurs fronts le couteau rituel ensanglanté qu’il tient à la main, puis lestement, à l’aide d’un tampon de laine imbibé de lait, il essuie enfin les marques sanglantes.
Eperdus d’émotion, mais heureux et soulagés, les jeunes hommes éclatent de rire, exprimant leur joie de cette renaissance.
L’instant marque le départ d’une liesse communicative.
Tous quittent la grotte et le mont Palatin et se dirigent, au pas de course, vers la ville.
Toujours sous la présidence rituelle du dieu de la Nature féconde, qu’accompagne Dea Luperca, la déesse mi-louve-mi-chèvre, la population s’épand en courant dans toutes les rues de la ville. Tous les prêtres officiants sont revêtus de simples peaux de chèvres et armés de lanières de peau de boucs. Tout un flot de jeunes femmes enceintes ou en quête de maternité accourent au devant d’eux. La déesse et le puissant dieu Faunus Lupercus, autorise l’espoir, s’unissent en promesse de fécondité.
L’espoir efface toute crainte, les femmes se précipitent d’elles-mêmes sous les coups des lanières, aspirant à recevoir la flagellation. Enceintes, ou se croyant stériles toutes entrevoient le possible d’une grossesse, de moindres douleurs à l’accouchement ou encore d’une bienfaisante montée de lait…
Le rituel générateur d’espérance se termine.
Bientôt chacun déroulera ses pas vers le Banquet.
Les jeunes filles déjà, ont inscrit leur prénom sur un parchemin et l’ont jeté dans une immense jarre que les jeunes hommes viendront tirer laissant le sort leur désigner leur compagne de table.
Nouvelle présidence de dieux… Eros et Junon officient… l’amour et le mariage dansent autour des convives….
… Les dignitaires de la chrétienté n’apprécient guère ces rites et ses fêtes païennes. Un grand nombre s’essaieront à les faire disparaître… en vain….
Jusqu’à ce que Gelase 1er, en 495 déclare le 14 FévrierFête de Saint Valentin