Loneliness

Loneliness

lundi 7 mai 2007

MOTS à MAUX

Il est parfois, des phrases, des mots constructeurs ou assassins, qui jettent la conscience dans un océan de pensées aux abîmes insondables. Un bon nombre finissent par passer leur chemin mais, il en est quelques uns qui, comme aimantés, viennent se poser au coin de notre œil et dessiner quelque inutile intellection …
Le drame qui se joue alors prend des couleurs multiples, selon que le mot, ou la phrase s’installe, près du cœur, près du ventre, ou près de la tête.
A dire vrai, le mot ne s’installe pas longtemps, c’est plutôt son arôme, en degré de violence ou de douceur, qui va se frayer un passage. Les mots jetés sur la vague d’une phrase vont, en un flot d’interprétations possibles, projeter une sensation, une impression, une idée associative … c’est par ricochets qu’ils nous atteignent.

Le plus fréquemment, le mot projeté nous attaque à la tête … nous pourrions le laisser s’évanouir plutôt que de vouloir s’en nourrir. Mais sommes-nous tant assoiffés de souffrance et de plaisir … ? Sans doute !
Alors nous laissons la phrase ou le mot se mouvoir comme un reptile qui, à chaque reptation s’approche du cœur dans les replis duquel il va se lover déversant le poison ou le baume (c’est affaire de « personne ») qui s’épandra dans les veines emplissant le ventre d’amour ou de haine.
L’atteinte au cerveau est imparable … circulation oblige !

Mot à mot en conséquence, toute phrase se fait assassin ou guérisseur. Qui sait juger des effets de ses dires ? Qui connaît la génération, en degré de sensation ou d’impression, d’une phrase ou d’un mot ?
Que sont les mots de haine, que sont les mots d’amour ? De soi-disant, la haine. De soi-disant l’amour ? Qui sait par avance, ce qu’il va dire ?
Mâchons-nous suffisamment nos mots, pour Le Dire ?
Qui sait deviner, si les mots qu’il jette à la face, de son soi-disant ami, de son compagnon de route, d’un interlocuteur de rencontre, dissimulent un diamant … ou un poignard ?
Qui peut deviner s’il ne projette en lui-même, pour lui-même, face à lui-même, des mots assassins ou guérisseurs ?

Attention ! Mot à mot se génèrent tous nos maux … maux de cœur, maux de ventre, maux de tête … il y a si longtemps, pourtant, nous avons appris que le silence est d’or !

Il y a décidément trop de bruit sur cette terre ! On ne s’entends plus soi-même se dire que le Silence est d’Or pendant que l’on parle, que l’on parle et parle encore jusqu’à se gorger d’une communication mécanique qui installe à l’infini ses antennes sans se saisir de ce que si les paroles s’envolent, elles s’inscrivent dans l’éther de notre sang, ni que, les écrits restent et seront lus à l’infini des mortelles passions pour le mot qui tue plutôt que pour le mot qui guérit et fait naître en le cœur, le Silence.

Combien de temps nous faudra-t-il encore parler, pour ne rien dire qui soit essentiel !

Mais attention, qui es-tu toi le diseur, toi le parleur, toi l’écrivain qui enfile les mots comme les perles sans pouvoir pressentir le poids de tes colliers de maux à venir ?

Qui sommes-nous pour ne jamais savoir ce qu’un mot peut véritablement signifier, pour ne jamais savoir se taire, pour toujours vouloir dire ou faire dire, pour ne jamais pouvoir taire !

Qui, es-tu ?

Qui, sommes-nous, le savons-nous ?

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