Loneliness

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lundi 9 février 2009

Aux Vents d'Hildegarde...


1098… Une naissance miraculeuse, une âme s’incarne pour au-delà des mots, au-delà d’une langue chrétienne entretenue par le cycle en présence, pour témoigner de l’Inconnaissable en l’Homme.
1098… Hildegarde de Bingen est née à l’existence.

Neuf cent onze révolutions du temps humain viennent de s’écouler.
Elles dessinent sous l’arc du regard la forme de l’oubli, réduisent et ridiculisent les plus sublimes traces des amoureux fervents de la Vie et de son Etre.
Qu’importe le langage des temps, accordé aux humeurs délictueuses, aux croyances délétères, aux dénis de l’orgueil, l’empreinte des visions gnostiques actualise au monde de l’ici et maintenant, le mouvement perpétuel de l’onde de Vie en ses cycles évanescents.
De la mémoire profonde surgissent en flots puissants le ministère des Vents.
Des quatre contrées, des quatre faces de l’Univers, l’archétype animalier de ces puissances révèle au carrefour de la croix cosmique, les soucieuses tentations de l’homme, éperdu, écartelé entre doute et certitude, entre espoir et désespoir.
La roue cosmique se meut tranquillement, sans une once de grincement, indestructible, sûre de son cheminement guidée par le souffle des Vents. Frères d’armes et d’actions pour enseigner l’homme sourd et aveugle, ils maintiennent l’énergie de l’Univers en équilibre parfait.

Le vent du Sud surchauffe l’atmosphère, enlace l’air qui devient canicule et tourmente l’eau qui s’élance en vagues déferlantes, inondant les terres.
Le vent du Nord vrille au ciel la fulgurance des éclairs, la clameur du tonnerre, gicle en grêle, l’enveloppe d’une glaciale couverture.
De l’Est et de l’Ouest le souffle des frères glisse les affres de la contradiction, froidure ou grande sécheresse en été, irradiation solaire en hiver… l’homme éperdu d’incompréhension atténue l’agitation, se tient coi, comme en retenue.
Soumettant l’orbe terrestre à leurs énergies volontaires, les Vents exécutent l’œuvre magistrale du Souffle primordial permettant à l’homme de comprendre les actes qu’il projette….

L’apprentissage est difficile. L’homme se pense surhomme, maître du temps, maître de l’espace et de la terre. Il craint mais n’entend pas le souffle des Frères.
Son œil, comme un soleil au centre d’un ciel laiteux, tel un vase qui contiendrait un miroir, ne perçoit plus la limpidité des eaux et des souffles cosmiques…

Quelques feuilles de papier s’envolent, éparpillés par le souffle des Vents… leur existence oubliée porte l’empreinte des cycles du Logos et prouve l’existence de l’infinie sagesse de tout le cosmos…

Muttifree



« Au milieu de la poitrine de la figure que j'avais contemplée au sein des espaces aériens du midi, voici qu'apparut une roue d'une merveilleuse apparence. [...] La figure de l'homme occupait le centre de cette roue géante. Le crâne était en haut, et les pieds touchaient la sphère de l'air dense, blanc et lumineux. Les doigts des deux mains, droite et gauche, étaient tendus en forme de croix, en direction de la circonférence, les bras de même. [...] Au-dessus du chef de ladite figure se faisaient face les sept planètes. »

Hildegarde de Bingen - De modu visionis suae.

8 commentaires:

Bee a dit…

Hildegarde de Bingen, je connais un peu. Visionnaire et mystique à l'oeuvre complexe et dense. Mais l'ennui avec les religieux, c'est qu'ils sont imprégnés de leur religion et vite récupérés par leur ordre. C'est le cas également pour Thérèse d'Avila et Jean de la Croix, que j'aime beaucoup.
Néanmoins, Hildegarde est un caractère fort, une personne aux visions étonnemment intemporelles, si on excepte le langage de l'époque.

Bee a dit…

J'allais oublier... Que le tableau est inspirant! Une ouverture dans la Lumière, comme une bouche ouverte sur l'Indicible, le Sans Nom

Anonyme a dit…

Te savoir de retour avec des photos et des textes flamboyants voilà qui me donne du courage. Je t'embrasse.

MUTTI a dit…

Une des plus grandes mystiques effectivement, toutefois au-delà du dogme chrétien au moyen-âge ses visions sont exceptionnelles, tant au point de vue du cosmos, que des éléments et de l'organisme humain... ces visions intemporelles inspirées deviennent inspiratrices...

MUTTI a dit…

Merci infiniment Bee, j'aime beaucoup l'expression de ton ressenti devant mon image numérique...

MUTTI a dit…

Chère Ariaga, crois-tu vraiment que tu aies tant besoin d'être encouragée... et puis souvent, c'est en allant chez toi que je puise mon propre courage pour saisir la plume... ainsi, nous nous encourageons mutuellement...
Je t'embrasse tendrement.

Anonyme a dit…

J'ai aimé retrouver sous tes mots et ton élan créatif la présence d'Hildegarde de Bingen .

Quand tout s'est posé en moi est venu ceci en écho :

IN VEN TER

Par la force du Vent
Dans le ventre de la Terre
Devenir UN .

MUTTI a dit…

Quelle joie de te retrouver Lise, et de pouvoir apprécier avec bonheur tes merveilleux échos... tu nous manquais, vraiment...
Je salue ton retour.