Loneliness

Loneliness

mardi 1 juillet 2008

L'Enfant semblait dormir



L’enfant semble dormir.
Pourtant, assise bien droite, colonne dressée comme un i pointant vers le ciel, lèvres étirées en un sourire empreint de douceur et de paix, l’œil laisse filtrer un éclair de joie. Et la conscience s’élève, visiteuse de mondes insoupçonnés…
Sous le regard, des ondes lumineuses paraissent s’enlacer, se caresser, et engendrent selon l’intensité de leurs baisers, volutes, sphères, tétraèdres et pyramides ondulantes qui, à peine dessinées se déploient, se rencontrent, se frôlent, se frottent, et s’aiment, érigeant une multitude d’idées nouvelles, de rythmes nouveaux, une symphonie de couleurs, d’odeurs et de sons pleins de saveur, qui s’animent, se caressent et s’enjôlent faisant naître, encore et encore, des ondes de lumière, irradiantes… invitation secrète à la danse éternelle de l’imagination de l’amour.

L’enfant semble dormir.
Pourtant, une plissure légère sur le front lisse et pale signe l’amorce d’une concentration plus ferme, l’enfant tente de fermer plus fort ses yeux, d’enserrer le bruissement d’ailes qui semble gêner le Silence. Elle tente de serrer plus fort ses paupières, d’éteindre le regard, pour pénétrer plus loin, plus avant, dans la valse des ondes, dans l’épaisseur impalpable du Silence.
Ne pas voir, se surprend-elle à penser, ne pas entendre le bruissement de la symphonie qui semble s’animer sous le regard.
Dépasser les idées créatrices des formes, abandonner… pense encore la petite fille ; abandonner les questionnements qui surgissent et se pressent comme un battement de tempes sous les paupières pourtant closes.
Traverser, se dit-elle, traverser les ondes qui folâtrent et respirent, en créant des bulles d’air et d’eau. Pénétrer les ondes qui jouent et créent ces mondes où la couleur est reine et où le son est roi.

L’enfant semble dormir.
S’abîmer au cœur des couleurs et des sons, mourir et laisser le roi expirer la saveur des sons, mourir et laisser la reine inspirer la forme des couleurs, négliger, oublier les deux globes prisonniers sous le regard clos, qui reflètent les pensées.
S’évanouir, se glisser plus loin, plus avant dans l’Onde, s’aveugler, pour enfin dépasser sans peur les mondes d’idées. Ouvrir, ouvrir d’une volonté ferme, l’étroite porte du Silence ; se glisser, désormais minuscule et sans forme, se faufiler, s’insérer dans l’Onde, ou bien, fusionner, se fondre … ?
Désincarnation … Union …
L’enfant semblait dormir.

Texte et image Mutti - Musique Vangelis "China" The Long March

6 commentaires:

Anonyme a dit…

un vrai plaisir...un vrai lieu d'écritures et d'images...
besos
tilk

MUTTI a dit…

Merci Tilk, mais chez toi il en est de même... j'aime tout ce que tu exprimes tant en poèmes qu'en dessins...
Besos

Anonyme a dit…

Ce texte est d'une grande beauté et éveille en moi beaucoup d'échos. Je t'embrasse.

Guelum a dit…

J'aime voir avec tes yeux que tu me prêtes; et c'est sans plus de bruit que je te laisserai éveiller, dès fois qu'en les ouvrant tu découvres encore d'autres choses à écrire.
Chut! Mutti ne dort pas...

MUTTI a dit…

Lorsqu'un partage éveille des échos, quelle joie...Merci Ariaga.
Je t'embrasse

MUTTI a dit…

Chut... Guelum, endormie ou réveillée, je connais si bien la main qui soutient la plume, que sans doute aucun j'écrirais encore, peut-être même en fermant les yeux...