Loneliness

Loneliness

mardi 16 décembre 2008

Ci-gisent les mots...



Par delà la fenêtre qui pouvait encore, il y a si peu, emporter son regard, se posent désormais, pour un temps indéfini, gigantesques et monstrueux, les immenses oiseaux métalliques que l’on nomme, les grues… Elles élèvent peu à peu les cages bétonnées qui, dit-on, serviront de toit aux démunis, aux abandonnés, que les chaos de la société avaient, mensonge éhonté, en d’autres temps, rejeté, déboussolé…
L’imparable mouvement de la nécessité glisse au cœur d’une frêle cité les rouages et les accents circonflexes de la modernité.
Jamais plus, elle ne pourra évoquer l’énergique candeur de son regard survolant le si proche horizon de la colline où la majestueuse beauté des arbres ne lui cachait pas la forêt…

Ci-gisent les mots de son intemporelle contemplation….

…Près de la fenêtre, face à la rue qui déroule ses kilomètres vers un ailleurs indéfini, mon regard accroche la lumière de la colline environnante.
Immobile, soudainement coite au profond et au-delà des sens ... réalité, miroir, reflets ... que sais-je ? Tout se trouve confondu dans un instant de paix inimaginable !
La colline, immobile ... et ce moi ... qui regarde hors de la fenêtre, immobile aussi, la contemplant ...
Que sais-je, d’elle, et de ce qui la contemple ?
Que savons-nous de nous, du regard, de la fenêtre, de la rue qui déroule ses kilomètres que quelque autre regard tronçonne et mesure ?
Que savons-nous de la colline qui paraît, en deçà de son immobilité, frémir sous l’air du temps que ma pensée désigne quelque instant à l’extérieur du regard tranquille.
Que veut dire cet instant qui se creuse au fond du regard, qui se gonfle et s’élargit, générant entre elle-et-moi, comme un sourire de reconnaissance, une vallée en laquelle le monde défile, revêtant le site mémorisé de tous les autres paysages possibles ... et tandis que les maisons de la vallée se dénudent une à une sous la force habile de la pensée qui les gomme ou les reconstruit à la lueur de la mémoire des mondes ... La Nature alentour, se tient tranquille, toujours elle-même.
Sous le regard, la forêt s’étend, se niche, dessine la colline, se moquant bien de savoir de quelles essences elle se constitue.
Il n’y a que ce moi, derrière le regard qui par saccade se fige, qui s’interroge et demande : « qui est celui-ci, qui est celui-là ? Qu’est-ce que cela ?
La Nature s’indiffère de ce qu’elle soit arbre ou forêt toute entière, vallée ou colline, éléphant ou gardénia, homme de chair ou cristal. Ce ne sont que des personnages qui nomment, étiquettent, catégorisent. La Nature s’indiffère de ce qu’elle vit en ses fractions animatrices de ce qu’elle est, Tout Cela.[…]

Ci-gisent des mots, leur ensevelissement n’est pas triste… ce n’est qu’un au-revoir… et il lui vient déjà des visions de terres vierges, d’étendues herbeuses que n’atteindront jamais les oiseaux métalliques ; il lui vient déjà des visions de terres prolifiques peuplées d’arbres frères utérins de la terre-mère, où des hommes et des femmes aux yeux tendres et ouverts s’en viendront coudre, point à point, les circonférences protectrices et chaleureuses d’habitations ancestrales… qui deviendront les bienfaisants villages du peuple de la Nouvelle terre…

Ci-gisent des mots qui refleuriront par-dessus la tombe…

Le temps importe peu aux guerriers de la lumière… ils savent que pour cueillir un fruit l’on doit attendre son mûrissement…

Muttifree

6 commentaires:

Guelum a dit…

... Ils savent aussi qu'ils ne cueilleront peut-être pas eux-mêmes le fruit de l'arbre qu'ils entretiennent. Mais ils plantent quand même, comme toi, ici, des mots cultivés en pleine nature, en pleine terre.

Anonyme a dit…

les hommes veulent s'imposer mais la nature à ses secrets qu'ils ne pourront jamais apprivoiser ils veulent la contrôler mais erreur c'est elle qui les contrôles quand vont t'ils comprendres qu'il faut vivre avec elle et qu'elle nous apporte la vrai vérité seul le temps pourra leur dire !!! ses colères devrait les faires réfléchir !! je viens te souhaiter de très bonnes fêtes de fin d'année !!! bisous phil

MUTTI a dit…

Oui, cher Guelum... ne pas s'attacher aux fruits de l'action, afin que l'acte n'épuise l'énergie qui l'a engendrée en s'infiltrant dans le désir de reconaissance personnelle...

MUTTI a dit…

Les hommes comprennent peu à peu, Phil, et les colères de la Nature sont effectivement des actes initiateurs de la compréhension... Nous sommes les fruits de La Nature et comme tels nous nous devons d'attendre le mûrissement, le nôtre et celui de chacun avec patience et compassion...
Très joyeuses Fêtes, à toi aussi Phil...

Anonyme a dit…

Tes mots ne gisent pas, ils sont immortels comme tout ce qui fait partie de la Totalité. Je t'embrasse d'âme à âme.

MUTTI a dit…

Je veux bien le croire, chère Ariaga, un mot, quelque soit ce qu'il énonce, est un son, une résonance qui palpite à jamais dans le choeur universel.D'âme à âme,je t'embrasse aussi.