
Quelque part sur une terre agitée de soubresauts dévastateurs, une femme égarée dans une douleur sans fond, s’éprend du sommeil, s’alanguit, puis s’élève vers d’autres espaces…
… une femme marche d’un pas léger, aérien, effleurant l’immense plage de neige qui se dessine sous ses pieds. A perte de vue, l’étendue ne trace aucun chemin.
Le pas s’allonge, ferme et sûr, la forme féminine se déploie rapidement, n’abandonnant au sol nulle trace visible. L’immaculé paysage enveloppe la forme encapuchonnée d’ondes d’or pâle, si pâle que par instant elle semble disparaître.
Elle avance, hors du temps, sur le flux mouvant d’un silence bruissant et semble glisser à l’infini d’une plénitude sans substance, femme et paysage unis en une immatérielle corporalité à laquelle, un œil posé là, comme un soleil d’émeraude, suggère l’apparence.
Quelques notes d’une musique étrange, stridente comme une revendication contre le silence, semble s’élever au-dessus des cristaux de neige le marbrant de lueurs vertes et rosées.
La femme interrompt sa marche glissante.
L’idée d’un doigt nacré qui se pose sur des lèvres d’un rose tendre et bleuté, en un geste signifiant un rappel au silence s’impose à l’esprit de la rêveuse.
L’œil posé là, comme un soleil d’émeraude qui suggère l’apparence, s’arrondit, se reforme, s’étire tel le zoom d’un objectif numérique, il capte, emprisonne le flou de la forme qui se meut sur la neige.
Le capuchon blanc laisse deviner, intimement entremêlés deux visages translucides, deux corps éblouissants, entremêlés tel un seul être ondulant sous le souffle évanescent de l’air semé de particules atomiques.
En l’éther impalpable, la forme androgyne se dissout, élève une flamme qui s’enroule, s’infiltre sous la neige, révélant un morceau de terre d’où s’échappent des sons caverneux et barbares ; des notes métalliques creusent et lacèrent l’aile du temps, qui s’enfuit.
L’œil posé là, comme un soleil d’émeraude qui suggère l’apparence, descend doucement sous l’horizon de la vaste étendue d’air et de neige, puis disparaît.
Quelque part sur une terre mugissante, une femme de chair, doucement s’extrait du sommeil, s’étire lascivement, se réjouit de l’aube où miroite déjà un arc de soleil… abandonne son rêve.
Elle a rejoint l’oubli.