
Extraits d’entretiens entre Krishnamurti et Lakshmi Prasad
(de janvier 1981 à décembre 1985)
in « Ultimes Paroles »
« Je suis l’humanité »
- Prasad :
Pourriez-vous éclairer cette affirmation singulière : « Je suis l’humanité, et non la collectivité » ?
- Krishnamurti :
Nous sommes tous des êtres humains, et nous devons être considérés en tant que tels. Chacun d’entre nous, pourtant, est généralement traité comme un simple élément d’une masse, et perçu sous le seul signe de la collectivité.
Partout et toujours, nos semblables sont sacrifiés sur l’autel des idéologies.
En fait toute véritable solution doit être formulée au niveau de la personne.
Traiter les humains comme un troupeau, une entité collective, et les utiliser à des fins politiques ou économiques, conduit inévitablement aux pires horreurs.
Voyez notre école à Rishi Valley. Chacune de nos classes compte environs vingt élèves. Ce qui est fort peu au regard des autres écoles. Néanmoins j’ai suggéré que ce nombre soit réduit à douze par classe. Et je crois que les professeurs sont en plein accord avec moi.
Mon intention est que chaque enfant soit suivi avec l’attention la plus extrême. Alors il pourra véritablement s’épanouir.
Voyez notre école à Rishi Valley. Chacune de nos classes compte environs vingt élèves. Ce qui est fort peu au regard des autres écoles. Néanmoins j’ai suggéré que ce nombre soit réduit à douze par classe. Et je crois que les professeurs sont en plein accord avec moi.
Mon intention est que chaque enfant soit suivi avec l’attention la plus extrême. Alors il pourra véritablement s’épanouir.
Si vous considérez l’homme sur le seul plan de la collectivité, vous perdez automatiquement toute compassion ; vous ne pouvez être bon. Pis, vous devenez même indifférent, voire cruel.
Au contraire, si je sais que ma conscience est la conscience de tous les êtres humains, je suis à même de traiter l’individu en tant que personne, et non plus comme un élément anonyme perdu dans la masse.
Comprenez-vous à présent pourquoi j’affirme être l’humanité ?
* * * * * * *
Du conflit entre le bien et le mal
- Prasad :
A considérer le monde tel qu’il est, les mécréants semblent prospérer alors que les justes continuent de souffrir. Comment interpréter cela ?
- Krishnamurti :
Qu’est-ce qu’un mécréant ?
Et qu’appelez-vous le « mal » ?
En outre, combien sont-ils à pratiquer vraiment le bien.
Si le « bien » est l’opposé du mal, alors ce n’est pas le bien véritable, mais un prétendu bien né directement du mal.
La bonté authentique, elle, transcende la séparation entre le bien et le mal.
Un homme profondément bon est un être entier, que rien ne saurait diviser.
Celui-là ne dit pas une chose pour faire son contraire. Ce qu’il pense, il le dit ; et ce qu’il dit, il le fait.
Le bien qui règne d’ordinaire en ce monde naît simplement en réaction au mal.
Le bien qui règne d’ordinaire en ce monde naît simplement en réaction au mal.
Cette forme de bien jaillit d’une pensée dominée par la peur, et tout particulièrement la peur de la société.
Celui qui la pratique cherche en fait la reconnaissance du monde, et manifeste du reste sa déception lorsqu’il est incapable de l’obtenir.
Ses actes, empoisonnés par de perpétuels conflits, sont dénués de toute valeur.
En vérité toute forme de bien engendrée par la pensée porte déjà en elle les graines du mal.
En revanche, rien ne s’oppose à la bonté véritable.
Si le juste veut agir, il le fait sans penser aux conséquences.
Oui, il agit, délivré de ses propres pensées comme du jugement des autres...
Oui, il agit, délivré de ses propres pensées comme du jugement des autres...