
[…] « Faire le corps et l'Esprit chose une et identique avec tout ce qui est droit, si bien que rien ne vive en vain, du matin jusqu'à midi, mais qu'en un doux unisson, outre chaque pouls de la chair et chaque palpitation du cerveau, l'âme, encore parfaite, réside sur un trône défendu par d'imprenables bastions contre toutes les vaines attaques du dehors.
Et qu'elle observe, avec une sereine impartialité, la mêlée des choses, et y puise néanmoins du réconfort, en sachant que par la chaîne de la causalité sont mariées toutes les choses différentes, qu'il en résulte un tout suprême, qui a pour langage la joie ou un hymne plus saint !
Ah! Certes, ce serait là une manière de gouverner la vie en la plus auguste omniprésence, etpar là, l'intellect doué de raison trouverait dans la passion son expression; les purs sens, qui autrement sont ignobles, communiqueraient la flamme à l'esprit, et le tout formerait une harmonie plus mystique que celle dont sont unies les étoiles planétaires... »[…]
[…]
To make the Body and the Spirit one
With all right things, till no thing live in vain
From morn to noon, but in sweet unison
With every pulse of flesh and throb of pain
The Soul in flawless essence high enthroned,
Against all outer vain attack invincibly bastioned,
Mark with serene impartiality
The strife of things, and yet be comforted,
Knowing that by the chain causality
All separate existences are wedInto one supreme whole, whose utterance
Is joy, or holier praise! Ah! Surely this were governance
Of life in most august omnipresence,
Through which the rational intellect would find
In passion its expression, and mere sense
Ignoble else, lend fire to the mind,
And being joined with it in harmony
More mystical than that which binds the stars planetary …[…]
OSCAR WILDE
Extrait de « Humanitad » (traduction par A. Savine)