Loneliness

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mercredi 7 octobre 2009

Compassion... Bodhisattva...

Kuan Yin, bodhisattva féminin
Appelée le bodhisattva « aux mille mains, aux mille yeux»

Guanyin - Kuan Yin - Cette divinité féminine chinoise est un avatar du bodhisattva masculin de la compassion Avalokitésvara. Cette manifestation du Bouddha suprême (Amitabha) est la plus vénérée dans la tradition bouddhique du Grand Véhicule. La mythologie populaire chinoise considère la déesse salvatrice Guanyin, la Miséricordieuse, comme une incarnation du yin.

Selon les écritures du mahayana, c'est par compassion qu'un bodhisattva repousse sa propre atteinte de l'éveil alors que la compréhension profonde lui permet de transcender le monde fluctuant de l'existence. Autrement dit, le bodhisattva suit une route médiane entre la paix solitaire de la non-existence et le flux perpétuel du devenir. La première étape sur la voie du bodhisattva consiste à "développer la motivation héroïque". Le bodhisattva fait le vœu solennel de rechercher l'éveil total dans le but de libérer tous les êtres de la souffrance. Ce vœu doit se fonder sur une compassion profonde et sur la conviction de l'importance extrême de dédier sa vie au bien d'autrui. Il est prêt à passer un nombre infini de vies, s'il le faut, à accomplir les souhaits de tous les êtres sans exception. Le Dalaï-lama cite très souvent cette strophe qui contient l'essence de cette aspiration :
Tant que l'espace durera, Tant qu'il restera des êtres, Puissé-je moi aussi demeurer Pour enrayer la souffrance de tous.

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* * *


[…]
Etudiant : Rimpoché, vous avez dit que la compassion était un mauvais remède pour le moi. Pourtant, Naropa bafoue notre définition de la compassion de mille et une façons.

Trungpa Rimpoché :On retrouve deux types distincts de compassion. Il y a d’abord la compassion réelle, la compassion directe, la compassion totale. Puis l’autre type de compassion, celle que M.Gurjieff appelle compassion idiote, c’est-à-dire la compassion névrotique, une façon servile d’essayer de satisfaire secrètement votre désir. C’est votre but, mais vous faites comme si vous étiez généreux et impersonnel.

Et.: Qu’est-ce que la compassion totale ?

T.R. : La compassion totale consiste à voir la situation telle qu’elle est, directement et entièrement. Si vous devez être dur, vous l’êtes, un point c’est tout. Autrement dit, la compassion idiote renferme une espèce d’opium – s’efforcer toujours de se montrer bon et bienveillant -, tandis que la compassion totale est plus littérale, elle discerne davantage, et elle est plus réelle. Vous êtes disposer à blesser quelqu’un, même si vous ne voulez pas lui faire de mal ; mais pour le réveiller, il se peut que vous deviez lui faire mal, le faire souffrir.C’est précisément la raison pour laquelle la tradition bouddhique n’enseigne pas d’abord la compassion, le mahayana, mais bien le hinayana, le petit véhicule. A l’étape du hinayana, on essaie de trouver un équilibre. On cherche ensuite à exercer sa compassion, une fois qu’on a atteint un équilibre, construit la fondation. Il est impossible de travailler dès le départ à l’échelle de la compassion totale. Il faut grandir, avancer vers elle.

Et. : Je crois que vous avez mentionné plus tôt que l’un des obstacles à l’évolution dans ce sens était le besoin d’une garantie. Comment se défaire de ce besoin ?

T.R. : En prenant acte de ce besoin d’être rassuré ; il faut le reconnaître comme une effigie qui ne regarde que dans une seule direction, sans voir ce qu’il y a autour. Une effigie n’ayant qu’une seule face et peut-être même un seul œil. Elle ne voit pas autour d’elle ; elle ne voit pas l’ensemble de la situation. Vous saisissez à quoi je veux en venir ?

Et. : L’effigie ne regarde que dans une seule direction. Est-ce que c’est la personne qui a besoin qu’on la rassure ?

T.R. : Oui, parce que la garantie doit se rattacher à cette situation unique. Chaque fois qu’il faut vous sécuriser, ça veut dire que vous avez une idée fixe de ce qui devrait être. Et cette pour cette raison que vous fixez votre regard sur une seule situation, un élément particulier. D’ailleurs, ces situations que l’on n’observe pas parce qu’on veut être rassuré, ces situations qu’on n’examine pas, sont une source de paranoïa. On aimerait être capable de couvrir tout le terrain, mais comme c’est impossible psychologiquement, on doit s’efforcer de s’en tenir à cet élément unique autant que possible. Le besoin de garantie n’a donc qu’un seul œil.

Et. : Et quel est le moyen d’aller plus loin que cette vision a un seul œil ?

T.R. : Faire naître d’autres yeux au lieu de n’employer qu’un radar unidirectionnel. Rien ne vous oblige à fixer votre regard sur une seule chose. Vous pouvez, au contraire, déployer une vision panoramique, voir tout autour d’un seul coup. […]



Extrait de - « Jeu d’Illusion » Vie et enseignement de Naropa – de Chögyam Trungpa


12 commentaires:

Frédéric Baylot a dit…

je cite souvent le titre de ce livre (sur la communication non-violente) :
"cessez d'être gentil, soyez vrai !"

je t'embrasse

frédéric :)

sonam a dit…

Un bel enseignement! C'est à ça qu'on reconnait un maitre quand il sait comment vous secouer, mais parfois on peut demander une pause:)
Sonam

A.M. Bruffin a dit…

Je vais m'offrir ce livre .
Pas toujours facile de mettre en pratique...la compassion totale.
Merci pour ce rappel important.
Belle et douce journée.

ambre a dit…

je me sens bien bien loin de tout cela mais j'aime lire ton blog Mutti
Une douce soirée à toi

MUTTI a dit…

Je suis bien d’accord, Frédéric, soyons vrais… et ne nous mettons pas à croire qu’Aimer inconditionnellement nous empêche d’être « radical » si nécessaire…
Je t’embrasse :)

MUTTI a dit…

C’est exact Sonam, il vaut mieux avoir compris qu’un véritable « maître » est en fait un « ami spirituel » qui saura mettre les points sur les i … on ne rencontre pas un tel Ami pour qu’il nous entoure de coton et de louanges…
Amitiés :)

MUTTI a dit…

C’est un excellent livre relatant les conférences et donc l’enseignement tantrique (destiné aux occidentaux) du vénérable Chögyam Trungpa Rinpoché.
Je te souhaite une profonde lecture, méditative, chère Anne-Marie… et la plus intuitive approche de la vie et de l’enseignement de Naropa…
Bien à toi :)

MUTTI a dit…

Tu aimes lire en ce blog, chère Ambre, et je t’en remercie sincèrement. Certes tu te penses « bien loin » de tout cela… tu as le droit de le penser, de le croire… personne n’est aussi loin de sa véritable nature qu’il le croit… juste une question de temps, de cycle…
Belles et douces soirées à Toi aussi… :)

danae a dit…

Cette explication du Bodhisattva est tout à fait exacte. C'est ce que disait mon grand Maître tibétain Thuksay Rimpoche que j'ai rencontré au Ladakh et dont je parle dans mon récit, une rencontre si extraordinaire que j'en ai renversé son bol à offrandes dans ma confusion de le saluer !!!
bisous, je suis contente de te retrouver chère Mutti

ambre a dit…

juste un petit coucou et je te souhaite de passer un bon week end Mutti :-)
je t'embrasse

MUTTI a dit…

Oui, chère Danaé, je me souviens très bien de ton article... il y a environ 1 an ce me semble... et du renversement de ce bol à offrandes témoin de ton bouleversement intérieur... :)
Je suis moi-même très heureuse de "continuer"... rompre le fil de la communication sur la toile n'est finalement pas à l'ordre du jour... :)
Je t'embrasse tendrement

MUTTI a dit…

Coucou chère Ambre, je te souhaite aussi un excellent week end et une semaine pleine d'amour et d'humour.
Je t'embrasse