Loneliness

Loneliness

mardi 24 avril 2007

TEMOIGNAGE

La Vie est Amour permanent avec tout ce qu’elle anime, et si toujours elle provoque ses créatures, ce n’est que pour leur désigner que ce qui est à apprendre, que ce qui est à comprendre, ne se trouve pas nécessairement dans Le Voir qui, trop conceptuel ou trop imagi’n’errement-désiré, occulte la manifestation du réel.

Au cours de ses provocations il advient ainsi « des choses étranges » … des choses qui, pour la conscience de celui ou de celle qui les vit se trouve être parfaitement enregistré, rangé, mémorisé de façon objective comme tout évènement quotidien générateur de sensations et d’images.
Ce qui est déroutant pour la pensée commune, c’est que les choses en question appartiennent tant à l’irrationnel qu’aucune aptitude analytique, ni réflexion intellectuelle, ne peut apporter de réponse connue.
Pour l’esprit qui se frotte soudain à ces phénomènes présumés irrationnels, penser et réfléchir n’apportent aucun recours et pire encore, conduit au risque d’accaparer l’idée que Je et Moi sont sur une piste qui mène à quelque grandeur existentielle.
Il semble n’y avoir d’autre solution que de s’efforcer à abandonner ces images et ces impressions sensorielles au Silence…

Cet effort est traumatisant pour le « Moi » ce penseur qui ne connaît rien du silence et conditionne toute personnalité à ses sempiternels allers et retour de la mémoire.
Il n’est, semble-t-il, qu’en l’abandon des idées que la pensée suggère – sur ce que ces choses devaient être ou pourraient signifier – qu’une harmonie silencieuse, une paix tangible, parvient à s’installer, par instant.

Une harmonie et une paix, réelles et profondes dans l’instant - qui s’efface comme sous l’effet d’un enchantement dès que le regard de quelques témoins, juges rationalisant de cette frange d’irrationnel vécue avec intensité, surgit en mémoire et se pose sur le cœur, introduisant l’idée particulièrement douloureuse, de la perte infinie de l’opportunité d’aimer et de percevoir, en cela, un échec profond.
Alors la pensée, cette indestructible mémoire, creuse le fossé lancinant d’un vouloir comprendre qui se mêle tant de justifications et de conclusions hâtives, que plus aucune compréhension du vécu ne devient possible.

Comme un reflet sur le miroir de la conscience, les pensées non exprimées des témoins, de ceux qui ont vu un corps vivre un état apocalyptique, atteint encore … le penseur … et le trouble des questions tarabuste ce penseur, élève un mur – qui rend inaccessible le Silence en lequel se tient l’Intelligence Source, mère de toutes les compréhensions – et répercute les sons aigus de la souffrance et de la confusion qui ne se trouveront balayées que lorsque le penseur las de chercher conviendra qu’il ne sait pas et qu’il ne peut rien savoir de ces choses émergées d’un espace qui demeure inconnu.

Ce n’est que devant cette reconnaissance de l’ignorance du penseur que le mur, par instant, s’effondre et que l’Intelligence, tel un ange de paix apparaît, démontrant la terrible déformation des perceptions et des sensations sur l’œil du penseur, comme quelque irisation sur un miroir empoussiéré, reflétant les images bien connues d’un passé dont le penseur ne veut pas se libérer.

De simples effets … produits par des causes ancestrales dont la conscience ne s’est point avertie et qui pourtant aspirent à se faire connaître … agitent la substance sensitive dont le corps et l’esprit apparaissent constitués … mais le penseur s’oppose à la reconstitution complète.
Le fait est que tout semble du même ordre que le rêve en lequel toutes sensations et toutes images se montrent si tangibles au rêveur qu’il lui faut « s’éveiller » pour noter en conscience que l’évènement, le vécu du rêve, n’avait pas de réelle existence … du moins le croit-on !
Ce rêve, cet acte inconscient ( ? !) portera cependant son fruit vénéneux dans l’essence mentale du penseur, ne laissant plus rien soupçonner du caractère réel du message, s’il en est un.

Rêve, ou réalité d’un autre espace pour la conscience, d’un autre habitat pour l’esprit … qu’importe, il suffit de Voir sans poser lourdement le regard, pour comprendre et apprendre que tout rêve transporte son incidence dans l’objectivité, et que tous les mots énoncés en cet espace ajouteront leurs maux à ceux qui se forment ici.

Le subjectif se mêle à l’objectif même chez celui qui le nie et peut-être bien plus encore … Cette négation est un aveu de la peur qui envahit les neurones de tous ceux qui souhaitent se convaincre de la maîtrise de leurs sens.
Reconnaître que personne ne maîtrise quoi que ce soit, pourrait être libératoire cependant, le penseur fier de ses victorieuses simulations de maîtrise sur les corps qu’il manipule, ne laisse aucune marge de correction, au silence en lequel l’Intelligence démontrerait le cuisant échec et la sombre couleur de l’orgueil dont, pour un temps indéfini, il s’orne et se pare.

C’est ainsi que chaque jour passé se déroule en soi-disant conscience objective, sous l’effet manipulateur de la pensée qui construit l’apparence de ce corps et le détermine « penseur ».
Cependant, dans le silence, toutes les grâces offertes par l’Intelligence qui se maintient détachée du savoir ce qui s’est … passé … éclairent l’œil et murmurent : « Cela fut, cela suffit pour être connu et reconnu, il devient possible de contempler autre chose ! ».

De l’évènement vécu sur des myriades de secondes indéterminables quelque chose ressort cependant de l’ordre d’un apprentissage direct et secret, dont le penseur, pour l’instant, ne perçoit presque rien sinon quelques brefs éclairs de l’Intelligence vrillant le cortex en démontrant que les effets, comme les mots, ne sont ni l’objet ni le sujet de La Vie … et n’expliquent … Rien !

Il est toujours possible, hélas, que le penseur, comme un diable qui surgit d’une boîte que l’on ouvre ou ferme à volonté, surgisse à nouveau. N’impliquant alors de lui-même que ses enregistrements du passé, se glorifiant en quelque sorte d’être fidèlement cette mémoire qui permet, selon son dire, de ne pas reconduire ses erreurs (tandis qu’il ne fait que ressasser ce qui aurait pu être, ce qui devrait être, ou ce qui pourrait être …) il se déverse à des fins de « rassurance » le flot d’explications desquelles il va se gaver à plaisir, s’auto aveuglant de son adoration de se voir s’éblouir sous les flashes pseudos lumineux des croyances dont il fait son savoir.

D’explications en solutions et en conclusions, il ressasse et rumine ce passé ; convaincu à chaque fois de la réalité et de la vérité de ses élucubrations successives, fréquemment contradictoires, il auto génère en lui-même un orage d’une telle ampleur, que le cerveau qu’il contrôle, empli de confusion, n’en peut plus de ses douleurs interrogatives, ne comprend plus rien à ce qui se passe, ne sait plus que croire ou ne pas croire, et ne peut plus que tâtonner dans le noir le plus complet.

Et, dans le noir, la force puissamment présente de la pensée qui usine le penseur entretient la fièvre de la recherche et instaure le règne de ce fieffé menteur.
Figé sous sa couronne, plié, alourdi par la loi implacable de son propre règne, tout penseur, inconscient de son dramatique isolement, se croit tenu d’expliquer ce qu’il est ou désire être … et ne peut plus s’empêcher d’opiner en lui-même à cette croyance de ce qu’il est, jusqu’à forcer quelque autre penseur tout aussi confus, tout autant isolé, à le suivre, à se forger la même opinion.

D’explications en opinions déclarées, chaque penseur isolé croit savoir quelque chose d’utile à l’autre, fabrique des conclusions définitives, signe toutes sortes d’assurances possibles quant aux vertus de ce qu’il pense, dit et conclut.

En contradiction permanentes avec la réalité, la pensée qui exerce le penseur le maintient dans l’idée qu’il lui faut tout retenir, tout savoir, pour être … ce qui pour le penseur ne signifie que « subsister ».
Exister, exister encore, indéfiniment et contre toute logique aspirant à un prolongement, à un mouvement qui deviendrait un réel écoulement de La Vie, et non plus une sorte de défi, de rébellion, contre Cette Grande Inconnue qui semble, pour le penseur, représenter l’ennemie à contrecarrer, à combattre et à massacrer.

Le penseur se manifesterait-il si souvent en tueur de son prochain si ce n’était le cas ?

Ne serait-ce pas principalement chaque fois qu’un penseur perçoit La Vie, en sa divine indifférenciation, qu’une terreur soudaine lui arme le bras et le réduit à sa tragédie : devenir l’assassin de lui-même ? Contre toute attente, et pesons ces trois mots, la pensée et donc le penseur, tue tous les possibles tandis qu’il s’imagine savoir ou pouvoir créer.

De ces secondes en ces secondes que ponctue la pensée organisant la substance du penseur, le réel, évoluant, instruit le Silence.
Mais le monde pensé du penseur tient son refuge dans le bruit tant il a peur du dissolvant Silence.
Après tout, il pense être né penseur et ne saurait se résoudre à mourir.
Ne pas posséder de devenir lui est intolérable, tandis qu’il ne réalise pas qu’en cet espoir gît l’aveu de son non-être.
Comment n’entend-il pas qu’en ce dire « vouloir devenir » il se démontre à lui-même sa non-existence.

De seconde en seconde qu’il organise pour sa mesure du temps qu’il passera à devenir quelque autre chose que ce qui est, le penseur court après ce qu’il aurait pu être, ce qu’il devrait être ou ce qu’il pourrait être, ne s’arrêtant sur aucune des secondes qu’il construit et en laquelle il pourrait voir sans crainte, le vide infiniment plein de La Vie qui formule Ses expressions sans planifier ce qui devrait ou ce qui pourrait être, puisque, tout simplement, cela Est.

En dernière seconde … il est toujours une dernière seconde pour la pensée, chaque instant se trouve être la dernière seconde en laquelle ce que l’œil du penseur retient, doit mourir.

La Vie crée, infiniment, sans s’emparer de son ouvrage.
La Vie œuvre, seule, dans et par un mouvement inextinguible, sans commencement ni fin, ce que le penseur ne peut en aucun cas concevoir tant il se borne lui-même à vouloir s’emparer de tout ce que La Vie offre de perceptions et de sensations, pour en tirer profits.

De récupérations en récupérations, de tous les profits aptes à procurer contentements et satisfactions sans percevoir au revers de la médaille le profil du déplaisir et des frustrations que son avidité engendrera naturellement, le penseur s’organise en quêteur d’assurances de tous poils, allant même jusqu’à faire porter des ailes aux anges susceptibles de les pourvoir d’une aide … pour ce devenir … en puissance … de n’être pas.

Pendant ce temps de la souveraineté de la pensée, le caquetage des penseurs isolés pollue le Silence dont plus personne ne se souvient de la qualité aurifère, crucifie l’Intelligence, ne lui offrant aucun véhicule et exile la paix que pourtant chacun cherche, sans se rendre compte que le penseur se tient toujours prêt à s’emparer de l’arme la plus perverse qu’il est inventé : le jugement.

Et, jugé, chaque penseur l’est, à n’en point douter, en juste retour de toutes les étiquettes qu’il s’évertue à se coller devant le nez, sans risquer à s’imaginer que toutes ces choses qu’il fait, qu’il dit, qu’il traduit, se déposeront sur le miroir qu’il lui faudra lire à l’envers, s’il espère y découvrir, non ce qui lui est destiné pour son impossible devenir, mais ce qui, réellement, en cette seconde précise, EST.

La beauté de la révélation est indescriptible parce que c’est soudain au cœur de la vision de sa non-existence que le miroir se brise et que chaque éclat le lacérant il arrache un peu de la peau qu’il se maintient de lui-même sur l’œil.

A cet instant tout coexiste.

L’unique perception – de trois mouvements distincts, parallèles, concomitants, comme trois esprits vivant en pleine concertation, distincts mais non séparés, cohabitant comme le font les membres d’une même famille – prend naissance et inonde le cœur d’une Joie indestructible quand bien même un résidu de substance pensée se pose la question de savoir : se combattent-ils, coopèrent-ils ?

En cet espace indescriptible d’une luminescente transparence plus rien ne conduit ni ne construit de réponse, l’ombre du penseur se dissout. Une conscience de l’instant semble apparaître ; une conscience naissante invite à accepter la « pro-Vocation » de La Vie et offre à ressentir pleinement ce corps qui, au mental du penseur semble toujours « sien », et l’instruit par perception avec la transcendance qui vibre alentour.
La pensée, émanant de tous les compagnons de rencontre et de route, n’obsède en aucune manière le cerveau et l’aiderait plutôt à se conduire tel un observateur, un contemplateur de toutes les scènes inénarrables en lesquelles ce qui se joue apparaît fréquemment comme un drame, pour le plus grand nombre.

En conscience, des perceptions d’un nouvel ordre naviguent sans escale, sans but, sans appartenance particulière et laissent libre de tout jugement, de toute suggestion ou projection d’idées. Un agir incompréhensible s’exécute sans ordre ni contre ordre au sein même de cet être qui ne sait plus rien d’autre que ce qu’il découvre au fur et à mesure.
En conscience, le penseur n’agit plus que tel un observateur attentif et attentionné, très présent, profondément silencieux et ne libère aucune information explicative susceptible de « rassurer » qui que ce soit … bien au contraire.

Il n’existe aucune vérité définitive pour et dans la conscience, seulement quelques expérimentations d’effets provenant de causes indéterminables.

La peur non exprimée, dissimulée et raisonnée, suinte par tous les pores devant cet état d’être qui, pour tout témoin non acteur, ressemble à une perte de conscience, à quelque chose de … parallèle … comme la mort … d’un cerveau.
La terreur qui se lit dans les yeux est épuisante. Envahissante, elle génère dans le corps physique une baisse d’énergie considérable, révèle le danger de sombrer à nouveau dans les ombres projetés par les penseurs itinérants à l’extérieur du réel, là où se voudraient naître toutes les impossibles vérités, et dans le laps de temps construit par cette peur contagieuse, le corps s’échoue, inapte à gérer le combat entre énergie et forces.

Entre temps, c’est-à-dire au-delà du temps, dans le Silence qui ponctue l’harmonie du réel, un être s’illumine de la Présence en Soi, tandis que le corps, dans le temps passé à penser apparaît comme échoué dans la boue qui le rive à la terre, et se voit abandonné par tous ceux qui « pensaient » l’aimer.

La pensée de l’amour n’est pas l’amour, tout corps se doit de l’expérimenter mais ne peut espérer parvenir à cette expérimentation tant que le penseur le maintient en détention.

Le plus dur du travail appartient à ce corps, à cet aspect physique du penseur dès que soudainement conscient de la triplicité de l’esprit en action, il se voit, tel le simple réceptacle de l’activité concomitante des trois, tenus de recevoir tous les impacts, tel enfin, un serviteur de ce qui est, tandis que jusqu’à cette seconde de compréhension il se conduisait en automate au profit du penseur, toujours en quête de modifier ce qui est.

Que de seconde après seconde passées à craindre, à fuir, à éviter tous les impacts dévastateurs que le penseur génère de lui-même, pour découvrir l’utile détachement de l’observateur, puis ce Silence, d’abord perceptible seulement en ces instants où le penseur s’oblige à reconnaître qu’il ne sait pas, qu’il ne sait rien, qu’il ne possède de solution pour rien … et qu’il ne peut donc, rien faire, sinon laisser surgir, laisser jaillir, ce qui vient, sans plus rien capter-capturer de son savoir de ce qui est bien, de ce qui est mal, de ce qui est juste ou injuste et de s’essayer, simplement à regarder ce qui est là, sans aucune déclaration « étiquetante » issue de son catalogue d’idées sensations toujours empressé à lui fournir un nom pour la chose avant que de l’avoir vu.

En cet état d’un être qui s’avoue ne rien savoir de La Vie, ni de ses provocations éclairantes mais qui, enfin, se reconnaît simple Témoin, pour regarder et voir, pour écouter et entendre, et ainsi fait, apprendre, il ne reste plus d’autre alternative que la reconnaissance de la parfaite inconnaissance du penseur.
A cette seconde même, l’amour inconditionnel pénètre ce corps qui ne pense plus, pas même au fait tangible qu’il est devenu le témoin de tous les possibles inimaginables et qu’il contemple, simplement, La Vie, en tout ce qui est.

Le corps-penseur n’est pas mort … la mort n’existe pas en présence de l’Amour.
Simplement, il apprend, petit à petit, peu à peu, à se taire et à laisser, discrètement, la Flamme de l’Amour l’envelopper tout entier.

1 commentaire:

Unknown a dit…

D'un coeur étonné, subjugué, enivré
Par l'inhérence qui en tout s'invite, immiscée,
Jaillit l'innocence qui est La source.
D'une main malhabile, audacieuse, é-mue
De tant de beauté dans la matière sacrée
Se façonne ce qui a toujours été, Préexistence.
D'un oeil observateur, méticuleux, ravi
De reconnaître ce que l'oeil subjectif aveugle
Naissent les liens d'évidence précédant l'essence.
Et la présence mentale, objet et non-subject
Offre aux lèvres les sourires de la distanciation.
L'esprit ne sait s'encombrer, thésauriser, comparer.
Le mouvement de vie, lumière, rayon,
Émane du vivant, s'offre au vivant sans discontinuer, dans la "non-séparation".
Dans l'Unité fondamentale est la conscience.
Le coeur, la main, l'oeil captent sans capturer
Ce que le mental aimerait peut-être disséquer,
Transformer, passer au crible,
Comme pour vouloir croire en son pouvoir sur...
L'Être, l'Unité, le Soi, n'ont que faire de ces tourbillons.
Alors, quand cesse dans "l'instanté" le jeu de dualité,
Lorsque les armes mentales se baissent hors du champ de la volonté,
Lorsque les témoins intérieurs cessent leur vacarme de points de vue
Alors, peut-être est-ce ce silence assourdissant de l'Amour Conscience Unité Présence.
De rare, il peut émerger dans l'attention, par surprise, sans technique, goutte d'universalité dans l'humanité.

Merci Mutti pour l'observation, la transcription, le coeur.

Eilah taN