Elle pense à toutes ces rencontres que la vie organise comme un brouillon de soi-même pour se mieux voir. Se mieux reconnaître en de multiples facettes.
Pas toujours reluisantes les facettes, pas toujours plaisantes à regarder, mais tout de même, cette observation de soi par le monde, c’est fascinant.
Dans le doux, le bon, le plaisant, lui, il existe, bel et bien, et véhicule d’harmoniques miroitements ; et cette part masculine, si difficile à accepter lorsque le corps, féminin, prend trop d’importance, c’est étrange, intéressant.
Finalement, c’est très acceptable et agréable.
Elle pense à lui, jusqu’à percevoir réellement le feutre bleu à pointe fine qu’il tient entre ses doigts. L’encre bleue s’écoule en veines fines et peuple le carnet, qui s’emplit de mots, de phrases courtes ou longues. Mots et phrases brassent les idées qui trottent et désirent dérouler une nouvelle, un roman, une histoire…
Ils se parlent, ils se taisent aussi, au rythme de l’existence qui va, et vient.
Il parle de tout, et de rien… tout comme elle qui ne sait que participer, répondre à ce miracle des rencontres et entretenir le plus sincère des dialogues.
Elle pense à lui, lovant des mots de tous les jours au cœur des lettres qu’ils se partagent. Elle pense à lui et le voit, comme s’il s’était assis tout près, face à face…elle se raconte, il se raconte. Ils effacent les mystères, ils s’énoncent en duo ce qui au quotidien de l’existence renonce au dévoilement.
Elle pense à lui sans nul besoin de l’imaginer, de lui dessiner un corps… ils se sont décrit furtivement, histoire de se dire un peu plus, de s’imager eux-mêmes sans y mettre de réelle importance.
Histoire de se dire, tels, que le monde les dessine mais qu’importe le dessin.
Elle pense à lui.
Elle entend au creux des mots, au profond des phrases qu’il livre ici où là au plaisir d’écrire, la résonance intense des désirs masculins.
Il demeure en sa vivante et mature jeunesse tandis que chez elle, l’âge inscrit doucement, fermement, les filigranes de la libération d’une trop ardente féminité.
Elle pense à lui.
Et à la joie, de l’échange, des rencontres.
A la joie des duos qui se forment ou se déforment et déclinent le mouvement imparable de l’éphémère réalité.
Elle pense à la joie … qui résiste au temps qui passe.